Sac imperméable. Chasse-moustiques en aérosol. Quatre canettes. Tout y est!

Nous étions en train de charger nos kayaks pour aller visiter quelques-unes de la vingtaine d’îles qui s’unissent et se désunissent au gré des inondations et des marées, comme une mini-Pangée, chaque année à Fredericton.
L’emplacement si proche de la ville de ces îles réellement sauvages est une bénédiction dont peu de gens profitent. Une nature vierge tout juste à notre porte. C’était un samedi après-midi et nous nous préparions à vivre une aventure.
J’avais entendu dire que la rivière Saint-Jean était le cours d’eau le plus fécond en histoires au Canada.
Je n’avais aucune idée de ce que cela signifiait : le plus d’histoires à propos de quoi? Il n’abrite pas de monstre fluvial comme le Loch Ness… Je ne me rappelle pas avoir tapé du pied au son de chants folkloriques l’évoquant chez Dolan’s un jeudi soir.
Pendant que nous commencions à pagayer vers le soleil de fin d’après-midi, je me mis à réfléchir à cette idée d’une « rivière féconde en histoires » et je me suis rendu compte que j’avais moi-même mes histoires à raconter.
Je me rappelle, parmi mes souvenirs d’enfance les plus chers, que je descendais les glissoires jaune vif du Bucket Club (maintenant le centre de villégiature pour VR de l’île Hartt), puis que nous louions des canots instables pour nous diriger en chancelant sur l’eau à la découverte de l’inconnu. Nous plantions un bâton dans le sable et revendiquions la possession de ces terres nouvelles.
Ces petites expéditions nous ont, par exemple, permis de découvrir des insectes épatants, une pointe de flèche en une occasion et un taureau en colère qui voulait participer à nos aventures. Nous n’en savions rien à l’époque, mais la majorité des îles sont des propriétés privées. Maintenant que nous sommes des adultes (la majeure partie du temps), nous avons fait nos recherches et avons découvert qu’on peut toujours en visiter quelques-unes. L’île Ross (avec la permission de Second Nature Outdoors, où nous avons loué nos kayaks) collabore avec les propriétaires depuis plusieurs années et l’équipe amène souvent des groupes explorer l’île. L’île Hartt, qui est la propriété du parc de VR du même nom, se trouve tout juste au large, à quelques coups de pagaie, et l’île est une destination d’aventure courante pour les gens de l’endroit.
En poursuivant notre chemin vers les îles, et nettement un peu traumatisé par le passé, je rejoue dans ma tête des scénarios sur la façon de faire face à un taureau fonçant sur vous (faire le mort?). Je constate en même temps que je ne sais réellement pas grand-chose sur cette rivière près de laquelle j’ai grandi.
Voici certaines choses que je sais à propos de la rivière Saint-Jean :
- Elle provient du nord du Maine, elle longe la frontière entre le Canada et les États-Unis, et elle a plus de 400 kilomètres de longueur.
- Elle coule à l’envers en un endroit appelé les chutes réversibles, près de Saint John.
- Des crosses de fougères couvrent ses berges le printemps (Route panoramique de la vallée).
- Son cours déborde. Il déborde beaucoup.
Je sors mon téléphone de son sac imperméable pour pousser mes recherches. La rivière était appelée « Wolastoq » par les Malécites, nom qui se traduit à peu près par « la rivière majestueuse ou bienfaisante », ce qui confirme ce que le petit ami irlandais de ma sœur, un hydrogéologue, n’a cessé de nous répéter à la table de la salle à manger depuis qu’il a déménagé ici. « Vous ne pouvez vous imaginer à quel point la rivière Saint-Jean est un cours d’eau productif ». Je crois que je ne le pouvais effectivement pas.
Nous naviguons alors sous un tunnel vert vif formé d’arbres entre les îles Ross et Nevers, où le soleil danse à travers les feuilles et où nous croisons un canot. Je me rends compte que ces cours d’eau sont des chemins.
Et à l’instar des chemins, si vous y circulez, chaque coude et chaque tournant fait surgir quelque chose de neuf. Le cours d’eau nous fait découvrir des terres nouvelles, des cultures nouvelles et de nouvelles gens. La rivière a constitué durant des milliers d’années le seul accès profondément à l’intérieur de la partie orientale du pays. Même avant l’arrivée de Samuel de Champlain en 1604.
Durant tous ces siècles, les canots d’écorce de bouleau, les traversiers à passagers et les navires de charge ont apporté gens et provisions à destination et en provenance de lieux lointains. Toutes ces embarcations desservaient toutes les localités le long de la rivière.
Ce sont là les histoires auxquelles on faisait allusion.
Le soleil commençait à se coucher au moment où nous avons atteint la berge sud de l’île Ross. Un vieux morceau d’arbre flottant avait été entraîné sur le bord durant l’inondation et avait blanchi sous les rayons du soleil. Nous étions assis là, une bière à la main, à nous raconter des histoires… nous rappelant les couchers de soleil rougeoyants vus du pont piétonnier, nos chambres à air se touchant légèrement tandis que nous descendions la Nashwaak et regardant les lumières de la ville scintiller sur l’eau à partir de l’espace vert du côté nord.
Cet été, pendant que nous serons tous enveloppés dans la « bulle de l’Atlantique », j’espère que plus de gens passeront une fin de semaine à explorer cette ville si près de la nature. Fredericton.
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